
Un concept largement popularisé cette dernière décennie, la gamification ou ludification transforme depuis plusieurs années le monde de l’entreprise. Cette stratégie fait l’éloge du jeu dans le but d’amener les collaborateurs à faire évoluer leurs pratiques et à modifier leurs comportements. Également appelé “ludification”, ce concept permet de trouver de nouveaux leviers de motivation vers une formation active et engageante. Dans un contexte où toute entreprise envisage une transformation, qu’elle soit culturelle, organisationnelle, digitale ou autre, la gamification propose de résoudre les problématiques actuelles avec créativité et entrain.
Définition de la gamification : elle désigne en réalité une véritable tendance de fond qui opère sur tous les aspects de notre vie : le travail, l’école pour les plus jeunes et la vie de tous les jours. Cette approche, qui n’est pas si nouvelle, consiste à intégrer les mécanismes de jeu dans un contexte qui, de prime abord, ne s’y prête pas. Dans le monde du travail, la gamification aide à présenter un produit, un service ou de nouvelles informations de façon à interpeller sa cible, se démarquer et assurer la bonne assimilation des informations. Une étude menée en 2020 par Elearning Industry démontre que 89% des employés en entreprise se sentent motivés ou challengés dans l’exécution de leur travail lorsque la gamification est utilisée. Il semblerait que la formule fasse effet !
Dans le cadre d’une stratégie marketing, la gamification rend un concept plus facile d’accès auprès d’un public de non-initiés. Dans le cadre de technologies complexes ou issues de l’innovation, l’apport de mécanismes de jeu facilite la compréhension du produit ou du service. L’avantage d’une expérience ludique est l’ouverture d’esprit qu’elle confère en plongeant le joueur dans un contexte dont il n’a pas l’habitude. La cible a plus de chance de se prêter au jeu par réflexe de compétition mais pas seulement (voir les principes de gamification de Roger Caillois ci-dessous) et par la même occasion de mieux se souvenir de cette expérience marquante. Du côté interne à l’entreprise, la gamification répond souvent à des enjeux liés à la conduite du changement et à la montée en compétences des équipes. Selon une étude TalentLMS sur le sujet, 83% des répondants qui ont suivi une formation gamifiée se sentent motivés, alors que 61% de leurs collaborateurs qui ont participé à une formation classique se sentent lassés et peu productifs. De toute évidence, les employeurs gagneraient à insuffler leur activités dites “sérieuses” d’une dimension récréative !
Les 7 Ressorts du jeu selon Roger Caillois :
Pour Roger Caillois, la fonction du jeu est d’apporter de la sécurité. Le jeu permet de maîtriser à la fois ses pulsions internes et son destin. Les jeux se ramèneraient à plusieurs catégories : la collaboration, le vertige et le risque, le rôle, la reconnaissance, le hasard, le défi individuel et la compétition. Il est possible qu’un jeu renvoie à plusieurs ressorts.
Dans un monde aux changements rapides, il peut être difficile pour les entreprises de faire monter leurs cibles de clients à bord de leurs sujets ou d’inciter ses collaborateurs à adopter de nouvelles pratiques plus en phase avec son marché. Pour cela, il faut animer la flexibilité cognitive et capter l’attention de sa cible, chose que la gamification fait avec brio.
Quand elle s’attaque aux enjeux du monde de l’entreprise, la gamification plonge les collaborateurs dans la résolution de problèmes au moyen d’un apprentissage intentionnel. En somme, elle les rend acteurs de leur progression professionnelle.
L’expérience dynamique et engageante au niveau individuel et collectif libère la formation du poids d’une approche plus formelle. Par le même biais, la légèreté qui caractérise un environnement ludique atténue la notion d’échec et enjoint les collaborateurs à sortir de leurs modes de pensée et de fonctionnement habituels. Parce qu’il n’y a pas de jeu sans sentiment de compétition, avec les autres ou avec soi-même, chacun va tenter de surmonter les obstacles et résoudre des énigmes qui leur barrent le chemin pour avancer à la prochaine étape ou remporter la manche. Par le jeu on peut éveiller la curiosité, l’acharnement à gagner et la réflexion critique des salariés. En fin de compte, la gamification montre la force de la motivation et à quel point le niveau d’implication de chacun peut influer sur le processus d’apprentissage.
Selon une étude de Harvard sur la performance des étudiants, notre cerveau est plus actif lorsque que l’on fait des choix. Il a été prouvé que les techniques de classe conçues pour amener les élèves à participer à leur propre processus d’apprentissage permet aux élèves d’avoir de meilleurs résultats éducatifs à tous les niveaux. Lorsque le cerveau est passif (écoute ou lecture) il n’est pas stimulé et l’apprenant a plus de mal à retenir les informations. La gamification ne peut qu’être bénéfique pour les apprenants.
Quand le jeu met en avant la créativité des salariés, les esprits et les compétences créatives sont stimulées dans la résolution de problème ou dans l’acquisition de nouvelles connaissances. En quelque sorte, la gamification permet aux participants de se rapprocher d’idées innovantes qui seraient habituellement hors d’atteinte, hors champ.
Les différents mécanismes du jeu stimulent et favorisent l’implication et l’engagement individuel avant de porter la notion de challenge à l’échelle du collectif. C’est pour cela que la gamification propose une expérience collaborateur et candidat attrayante, fédératrice et impactante.
La mise en place de mécanismes de jeu liés au relationnel, de manager à collaborateur par exemple, présente des compétences parfois incomprises sous un autre jour. Les différents niveaux à valider demandent aux participants d’user de leurs compétences douces, les réponses en cas d’échec en disent davantage sur chaque soft skill cher à l’entreprise : le leadership, l’écoute empathique, l’adaptabilité cognitive, la gestion du stress, etc.
Une aide pédagogique reconnue dans la formation en entreprise, la gamification mêle l’apprentissage à l’amusement. Le format interactif et ludique rend l’acquisition des messages plus rapide et pérenne, puisqu’ils ne sont pas absorbés par un mode par cœur, mais au travers d’une véritable réflexion dans le cadre du jeu.
Attention à ne pas forcer la main des collaborateurs à adopter la démarche, la gamification doit rester volontaire. La participation au jeu, quiz ou au challenge doit être à l’initiative du collaborateur pour ne pas susciter de ressentiment, ce qui risque de produire l’effet contraire attendu d’une situation de jeu. Sans authenticité et transparence, la gamification n’est qu’une farce qui ne gardera ni l’attention, ni la motivation des collaborateurs très longtemps.
Veuillez noter que nous nous sommes uniquement focalisés sur les mécanismes de jeu et leurs effets sur des programmes ou contenus déjà élaborés. La gamification vient compléter une thématique d’apprentissage, et non la réinventer. C’est pourquoi il faut veiller à bien la dissocier du serious game qui implique la création d’un jeu en entier dans le but d’une mise en situation ou d’une immersion.
La gamification sert différents objectifs stratégiques : une transformation organisationnelle des métiers, une culture d’entreprise plus forte ou encore une présentation produit dans le cadre d’un évènement professionnel. Si la gamification s’attaque à une diversité d’enjeux, à court terme ou à long terme, elle prend tout son sens dans l’apprentissage. Plus dynamiques, les programmes de formation qui associent jeu et performance augmentent l’engagement de l’apprenant de manière significative. Ce qui en fait l’allié idéal de la formation et l’instrument de choix pour construire une approche apprenante face à l’évolution rapide des métiers.
Les RH et formateurs peuvent avoir recours à la gamification là où l’apprentissage risque de se faire ennuyeux ou trop répétitif. Pour s’assurer qu’il répond bien aux enjeux qu’il tente de résoudre, le programme va s’articuler autour d’objectifs clairs :
Une gamification de la formation réussie n’est pas seulement ludique, elle retranscrit les idées avec fidélité et de façon pédagogique. Pour cela, les organisateurs doivent comprendre les leviers qui s’appliquent à leur cible et les intégrer à la démarche. Ainsi, le formateur doit lui-même faire preuve d’analyse de la situation, du groupe, et de l’environnement de travail. Pour structurer l’approche, on peut articuler la gamification d’un sujet autour de deux pivots principaux :
Storytelling, enquête, quiz, top cinq des joueurs ou un compteur de points, divers formats existent pour animer cet apprentissage actif. L’objectif final étant tout de même d’observer si oui ou non les nouvelles connaissances ont bien été assimilés, voici quelques fonctionnements quantifiables :
Il arrive que la gamification rime avec la gadgétisation de la formation. Pour rappel, la gamification consiste uniquement à appliquer des mécanismes de jeu. Elle va venir changer le format, parfois la méthodologie mais pas le cœur même de la formation. Pour éviter une mauvaise interprétation qui pourrait résulter en une formation peu concluante, nous dressons la liste des éléments essentiels à retenir.
Quel est le but de d’appliquer un système de points ou de créer un challenge ? Il faudra se poser les bonnes questions afin d’assurer une efficacité en profondeur.
Renouer avec l’engouement d’apprendre s’adresse à tous les enjeux, qu’ils soient commerciaux, relationnels ou de montée en compétences. Nombre d’entreprises ont infusé leurs communications, marketing, recrutement, gestion de talents ou formation de mécanismes de jeu. En voici quelques exemples choisis.
Dropbox offre à ses abonnés 500 MB d’espace de stockage de données à chaque fois qu’ils parrainent un nouvel inscrit. La banque en ligne Revolut octroie des “rewards” sous forme de réductions chez des partenaires comme Nike, Cdiscount à ses inscrits et propose des suggestions personnalisées comme des séjours de vacances. De son côté, Audible appose des badges aux profils de ses auditeurs en fonction de leur fréquence d’écoute (dévoreur, grignoteur, feuilleteur, etc.) et du moment auquel ils utilisent l’application (oiseau de nuit, guerrier du dimanche, entre midi et deux, etc.). Enfin, le programme Questions in the Sky d’Air France embarque les enfants dans l’exploration des différentes parties d’un avion. On peut aussi y trouver toute une série de réponses fournies par des membres de l’équipage. Ces exemples montrent bien que la gamification fait désormais partie de nos vies, aussi bien en tant que consommateurs qu’en tant que salariés.
En perpétuelle recherche d’alternatives plus motivantes pour les collaborateurs qu’une formation classique, BNP Paribas met à disposition de ses managers un outil de formation gamifié qui les invite à identifier les soft skills nécessaires pour mener un meilleur leadership. Le but ? Proposer une gestion des équipes plus engageante et en phase avec son temps. Intégré à un module de formation mêlant des approches classiques et innovantes, le jeu aborde des problématiques de management récurrentes. Quant à l’aspect recrutement, Décathlon propose d’inverser l’expérience candidat avec CVCatcher en invitant les internautes à déposer leur CV afin de matcher avec des offres qui pourraient leur correspondre. On reconnaît là non seulement des mécanismes de jeu, mais aussi un vocabulaire tiré d’applications de rencontres, elles aussi fortement gamifiées (likes, invitations comptées, délais de réponse, etc). La gamification au travail s’inspire de nos modes de vie et des tendances de sociabilisation jusque dans l’intimité.
Ces diverses applications de la gamification montrent bien sa polyvalence. En revanche, le jeu ne doit en aucun cas prendre le dessus sur l’apprentissage. La smart gamification invite à mener un véritable travail de réflexion autour des objectifs pédagogiques afin de porter l’initiative à un maximum de collaborateurs.
Les RH ont tout à gagner de la gamification, que ce soit dans leurs missions d’acquisition de talents, de fidélisation ou de développement de l’employabilité en interne. Combiner des objectifs clairs avec un processus ludique encourage les salariés. Un niveau à valider, un badge à décrocher ou encore une tâche à terminer dans un temps imparti, ces éléments incitent à aller jusqu’au bout de la démarche et ajoutent une motivation supplémentaire. Par ailleurs, sa mise en place est relativement simple puisqu’elle vient se superposer sur un contenu préexistant.
Dans tous les cas, attention de ne pas l’imposer de force car cela pourrait nuire à la notion d’engagement et de jeu. La gamification doit être utilisée comme une stratégie “win-win” soutenant la montée à bord de nouvelles informations et des objectifs de l’entreprise. Elle ne doit en aucun cas être source de résistance de la part des employés.
La gamification améliore la marque employeur de l’entreprise par le biais d’une expérience candidat hors du commun. Les tests de personnalité ou de compétences rapides retirent des freins au dépôt de candidature. Visuellement attrayants et faciles d’accès, des étapes de recrutement gamifiées présentent plusieurs atouts. En rendant l’expérience candidat plus ludique, elles captent l’attention des prospects qui s’y prêtent. Les recruteurs peuvent alors mieux observer l’approche pratiquée par les participants et leur mode de réflexion. La gamification permet d’apprendre à connaître les candidats dans un environnement hors du stress du classique entretien d’embauche. Elle permet aussi parfois même de contourner les cases classiques de la lettre de motivation et du référent, un frein de levé pour les candidats en poste qui manquent de temps et souhaitent rester discrets sur leur recherche de poste. La mise en place d’une étape de recrutement gamifiée participe aussi à optimiser le tri de CV et la sélection des dossiers.
Sous l’effet de la numérisation des processus et de l’émergence de nouveaux métiers, les processus opérationnels et savoirs techniques sont en permanente évolution. La gamification d’un programme d’apprentissage ou d’une évaluation des acquis rend le processus moins intimidant et rébarbatif pour les collaborateurs. Quand l’apprentissage se fait avec plus d’aisance, la motivation des apprenants s’en retrouve renforcée. La gamification permet aussi de mettre en place des outils d’évaluation précis, des soft skills aux compétences informatiques, souvent dotés de rapports de performance lisibles et pédagogiques.
Si les risques en entreprise sont nombreux, ils font rarement un sujet de formation engageant. Certaines organisations se préoccupent particulièrement de leur cybersécurité (dont les collaborateurs sont les premiers coupables) tandis que d’autres aimeraient revoir les accidents du travail à la baisse. Une approche gamifiée d’une formation classique de prévention des risques transforme cette obligation peu stimulante en source de compétition et de valorisation entre pairs. Suivie avec plus d’attention, d’intention et dans la bonne humeur, la formation a plus de chances de marquer les esprits sur la durée.
Qui n’a pas eu vent d’un salarié en partance pour des raisons de management ? Le désengagement provient encore trop souvent de pratiques de management inadaptées. Il est plus facile de faire passer des messages, des postures à adopter à l’aide d’un quiz ou de l’accumulation de bons points au fil du temps. Puisque l’acquisition de soft skills s’ancre dans une pratique quotidienne, proposer un mode d’apprentissage et d’ancrage ludique peut servir à maintenir la motivation et peut encourager à prendre le temps de les développer au quotidien. Difficilement mesurables, l’acquisition de soft skills par le biais d’un programme gamifié permet aussi d’obtenir des résultats plus facilement quantifiables.
Vos collaborateurs vous connaissent-ils vraiment ? Un challenge autour des thématiques liées à la culture d’entreprise permet d’en évaluer l’assimilation tout en pointant vers les méconnaissances à éclaircir. La gamification est l’allié idéal des activités de teambuilding puisqu’elle place les collaborateurs hors de leur cadre quotidien et les invite à réfléchir ensemble. Une version à effectuer par équipe propose un outil de cohésion d’équipe autour des valeurs de l’entreprise, parfait lors des séminaires d’entreprise ou dans le cadre de l’onboarding de nouvelles recrues.
Le succès de la gamification repose sur sa capacité à marquer les esprits. L’ajout de mécanisme du jeu anime l’expérience client, candidat ou collaborateur, la rendant plus attrayante ce qui garantit un engagement accru. Niveaux à valider, barres de progrès, distribution de badges, points à cumuler, réduction ou offres commerciales, une multitude de modalités existe. Il ne vous reste plus qu’à vous prêter au jeu !
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